Attention, déjouer les escroqueries !

SUD OUEST écrit par Tiphanie Naud Publié le 03/03/2021Mis à jour à 18h19.

Alors que le phénomène prend de plus en plus d’ampleur dans la région, la Section de recherches de Pau donne des conseils pour se prémunir des arnaques de plus en plus sophistiquées

C’est une unité dont la parole est rare et le plus souvent associée aux résolutions de dossiers d’envergure. Mais face à la recrudescence d’affaires d’escroqueries ces derniers mois, le commandant de la Section de recherches (SR) de Pau a souhaité appeler à la vigilance. Le colonel de gendarmerie Cédric Gervais détaille les conseils à appliquer pour se prémunir d’une escroquerie.

Le contexte est en effet préoccupant pour les enquêteurs de la SR. Selon les statistiques du Ministère de l’intérieur, les escroqueries et abus de confiance ont augmenté en moyenne de 6% par an entre 2012 et 2019 et de 1 % en 2020. « Le nombre de victimes, dont la moitié déclare avoir été arnaquée par Internet, est considérable, appuie le colonel, des « digital natives » aux retraités qui se font escroquer leurs maigres économies. »https://b6f4109e1a684bbdbbc17122c5f9c704.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-37/html/container.html

Les escrocs se sont, en effet, professionnalisés : fini les mails truffés de fautes d’orthographe ou grossièrement falsifiés, aujourd’hui de faux sites imitent parfaitement les officiels. Et surtout, les délinquants scénarisent l’escroquerie sur mesure en fonction de la victime grâce à des détails obtenus sur le web, avertit le commandant de la SR.

Ce dernier a retenu trois scénarios susceptibles de se produire.

1 Les risques d’investissements et vols de données

La règle d’or est simple : il faut se méfier des propositions de placements dès qu’un rendement supérieur à la moyenne est proposé. Peu importe le placement (whisky, bitcoins, diamants, or, actions, obligations).

Car encore une fois, même lors d’un démarchage téléphonique, votre interlocuteur parle le plus souvent parfaitement français et maîtrise les termes techniques. « C’est le principe même de la mise en confiance du phishing ou hameçonnage que maîtrisent parfaitement les structures criminelles d’Afrique ou d’Israël », explique le colonel Cédric Gervais.

Attention encore au numéro de téléphone, qui peut sembler français sans l’être, et aux investissements via une banque étrangère. Enfin, « si vous demandez le remboursement et que votre interlocuteur réclame des fonds supplémentaires pour les débloquer, vous pouvez être sûr d’avoir été escroqué », affirme le gendarme.

Si le cas se présente, il convient de vérifier l’opérateur financier auprès de sites fiables (lire par ailleurs) et de prendre attache avec son banquier avant de faire un virement conséquent.

2 Mise à jour des coordonnées bancaires ou envoi de documents

Les mails ou appels de conseillers ont souvent l’air de provenir d’organismes de confiance comme votre banque, la Banque de France, la Caisse d’allocations familiales… « Il convient de ne jamais donner ses éléments d’identifications (notamment le numéro et code de carte bancaire) », conseille-t-il, surtout contre des promesses de remboursement ou d’aides non demandées. En cas de doute, il faut appeler ses interlocuteurs habituels et des numéros via un site authentifié.

Les données personnelles (entourage, profession, centres d’intérêt) sont devenus une denrée précieuse pour les escrocs. Ainsi, il faut en partager le moins possible sur les réseaux et le web. Elles servent à établir des profils pour de futurs scénarios, parfois monter des faux dossiers de crédits ou pour des escroqueries aux sentiments.

3 Un proche décède, un courtier appelle pour l’assurance vie

Enfin, dernier scénario, plus courant qu’on ne le croit, affirme le gendarme. Les malfaiteurs, qui surveillent les avis de décès, profitent d’un deuil, où la vigilance est en berne, pour contacter l’entourage du défunt.

Ils font alors miroiter une importante assurance vie, en s’appuyant sur de faux sites d’avocats ou notaires. Mais pour libérer les fonds assurent-ils, il faut payer, soit des taxes, soit des droits divers. Arnaque.

Rapprochez-vous de la Chambre départementale des notaires, de l’Ordre des avocats ou de la Fédération nationale de l’assurance en cas de contact douteux.

Des préjudices importants

La section de recherches de Pau est actuellement saisie d’une dizaine de dossiers qui ont fait chacun entre 5 et 10 victimes sur tout le territoire français. Les préjudices vont de quelques dizaines de milliers d’euros à 2 millions d’euros. L’un des derniers remonte à la semaine dernière pour un préjudice important.La lutte contre ces escrocs est une tâche complexe pour les enquêteurs. Les malfaiteurs « opèrent souvent depuis l’étranger, multiplient les intermédiaires complices et les supports d’escroquerie », explique le colonel Gervais. Mais la SR obtient tout de même des résultats. Le commandant reste discret mais peut évoquer l’interpellation récente de « trois personnes à l’origine ou complice de l’escroquerie avec des saisies notamment de véhicules ».

Des sites pour vérifier en ligne

Plusieurs sites Internet permettent d’effectuer un certain nombre de vérifications, comme celui de la Fédération française d’assurance (www.ffa-assurance.fr), de la Fédération bancaire française (www.fbf.fr).Les listes noires sont actualisées sur le site de l’Autorité des marchés financiers (www.amf-france.org) ou sur www.abe-infoservice.fr. Le site de l’Orias (www.orias.fr) permet d’identifier des professionnels inscrits ayant le statut d’intermédiaire en opérations de banque et en service de paiement.Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur dispose d’un site pour ce type de problématique : www.cybermalveillance.gouv.fr. Enfin, dans le cas où l’escroquerie s’est déjà produite, il est possible de la signaler sur www.internet-signalement.gouv.fr.Pour dénoncer un usage frauduleux de votre carte bancaire, rendez-vous en ligne sur la plateforme Perceval. La rapidité du signalement, avec tous les détails possible, est essentielle. « Après 72 heures, il est souvent impossible de rappeler les fonds transférés sur un compte rebond à l’étranger », indique le colonel.