Bitcoin vole, bitcoin retrouve !

Après une longue enquête, le ministère de la Justice fédérale américaine vient d’annoncer avoir récupéré pas moins de 94.000 bitcoins volés à la plateforme d’échanges virtuels Bitfinex en 2016. Un butin évalué au cours actuel du bitcoin à près de 3,6 milliards de dollars… un montant record pour une saisie judiciaire. 

Dans les faits, en août 2016, un pirate informatique s’était introduit dans les systèmes de la plateforme Bitfinex et avait initié plus de 2.000 transactions non autorisées, dérobant près de 120.000 bitcoins évalués à l’époque à 65 millions de dollars. Puis la monnaie virtuelle s’est retrouvée sur un portefeuille numérique contrôlé par un jeune couple. Au cours des cinq années suivantes, 25.000 de ces bitcoins sont sortis du portefeuille via « un labyrinthe de transactions en cryptomonnaies » et ont servi à acheter de l’or ou des NFT. Ce couple de malfaiteurs a finalement été arrêté à New York cette semaine, mais pas encore l’auteur du piratage initial.

Lisa Monaco, ministre adjointe de la Justice, rappelle que « ces arrestations et cette saisie financière, étaient la plus importante jamais réalisée par le ministère, et démontrent que les cryptomonnaies ne sont pas un refuge pour les criminels ».

Vous créez une entreprise, comment déposer le capital social ?

Bureau CACP 64

Le dépôt de capital social est une étape obligatoire lors de la création d’une entreprise. Mais qu’est-ce que le capital social d’une société ? À quoi sert-il ? Comment et auprès de qui le déposer ? Toutes nos réponses !

Capital social d’une entreprise : de quoi parle-t-on ?

Le capital social c’est la valeur d’origine de l’entreprise, représentée par des sommes d’argents (apport numéraire, parts sociales, actions d’autres sociétés, etc.) et/ou des biens (immeubles, fonds de commerce, marques, brevets, etc.) mis à sa disposition soit par ses associés, soit par ses actionnaires.

En contrepartie de leur participation, ces derniers reçoivent des parts sociales ou des actions.  

À savoir

Tous les « apports » ne peuvent pas être considérés comme du capital social. Par exemple, les apports dits « en industrie », comme les connaissances techniques ou professionnelles, le savoir-faire non brevetable, l’expérience, l’activité, les relations qu’une personne met au service de la société, etc…sont exclus du capital social. Principalement parce que l’estimation de leur valeur est complexe et que les tiers ne peuvent donc pas les utiliser comme garantie de leurs créances sur la société.

Pour en savoir plus sur la distinction entre le capital social et les autres types d’apports (actif social, actif net social, capitaux propres, patrimoine social, etc.), vous pouvez consulter le site infogreffe.fr.

Capital social d’une entreprise : à quoi ça sert ?

Le capital social est un élément indispensable et obligatoire de la création d’une société, et son utilité perdure dans le temps. Concrètement, le capital social sert principalement :

  • de base ou de clé de répartition des pouvoirs au sein de la société : ainsi, le droit de vote de chaque associé ou actionnaire aux assemblées générales ainsi que le montant du bénéfice à percevoir sous forme de dividende, sont fixés en proportion du montant du capital social détenu. À noter cependant que cette règle n’est pas intangible et qu’une distribution différente des pouvoirs et des droits peut être prévue dans les statuts de la société
  • de mode spécifique de financement : il peut par exemple servir à compenser les pertes temporaires d’une société sans fonds propres suffisants, ou éviter au moins provisoirement sa cessation des paiements.

Dans une moindre mesure, pour les créanciers de la société, le montant du capital social représente une garantie sur leur créance ainsi qu’un voyant de contrôle de la santé financière de la société.

Capital social d’une entreprise : auprès de qui le déposer ?

Le dépôt consiste en une remise d’une somme d’argent sur un compte bloqué. Les fonds doivent être déposés et encaissés auprès d’un dépositaire qui peut être :

  • une banque 
  • un notaire.

Pour effectuer un dépôt de capital, il est nécessaire de fournir les informations suivantes au dépositaire :

  •  la demande de dépôt conforme au modèle proposé
  •  les statuts
  •  le règlement du dépôt accompagné d’une attestation indiquant la provenance des fonds
  • la pièce d’identité du déposant et des autres créanciers de l’entreprise
  •  la liste des souscripteurs, l’adresse de la société et du représentant de la société.

À savoirJusqu’au 1er juin 2021, il était possible d’effectuer le dépôt de capital social auprès de la Caisse des dépôts et des consignations. Cela n’est plus possible désormais.Si vous aviez donc déposé le capital social de votre entreprise avant cette date, vous pouvez le récupérer en suivant la procédure indiquée sur le site de la Caisse des dépôts.

Capital social d’une entreprise : quels apports minimums ?

Le montant minimum du capital social est de :

Il n’est pas obligatoire de verser la totalité du capital social lors de la création de la société. Le versement peut être échelonné dans le temps (le reste du capital doit cependant être versé dans les cinq ans) avec un minimum fixé à :

Le dépôt de capital social s’opère par la remise de fonds (apport en numéraire) qui sauf indication contraire, peut prendre la forme :

  • d’un chèque de banque émis par un établissement bancaire domicilié en France
  • d’un virement bancaire
  • d’espèces.

À savoir

Le dépôt des apports en numéraires doit intervenir avant la signature des statuts de la société.

Capital social d’une entreprise : comment est-il notifié ?

Le capital social n’est pas figé, et peut évoluer par la suite. Pour autant, lors de la création de la société, son montant doit :

  • être inscrit à l’actif de la société 
  • être déclaré lors de l’immatriculation de la société au Registre du commerce et des sociétés (RCS)
  • être mentionné dans les statuts 
  • apparaître à la suite de la dénomination sociale et de la mention de la forme juridique de la société, sur tous les documents destinés à des tiers, notamment : les courriers, les devis, les factures, les annonces, les publications diverses, les mentions légales du site internet, etc.

Capital social d’une entreprise : comment débloquer les fonds ?

Après le dépôt du capital social effectué et l’immatriculation de la société réalisée, les fonds peuvent être débloqués. Pour cela, le ou les gérants doivent présenter l’extrait Kbis (extrait constatant l’immatriculation de la société au registre du commerce et des sociétés).

Les fonds peuvent alors être virés sur un compte courant ouvert au nom de la société et le ou les gérants peuvent donc en disposer librement pour les besoins de la société.

En savoir plus sur le capital social d’une entreprise

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Augmentation des droits de Succession et Donation ?

Par Stéphane Jacquin, associé-gérant, responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Lazard Frères Gestion. Extrait du magazine  » Profession CGP  » en date du 04/02/2022

La question du niveau de taxation des transmissions de patrimoine, par donation ou succession, s’est invitée dans le débat entre les candidats à l’élection présidentielle. Ces derniers ont été incités à se saisir de ce sujet par plusieurs rapports publiés au cours des derniers mois. 

Ainsi, le Conseil d’analyse économique a publié, en décembre 2021, une note intitulée Repenser l’héritage. Le sujet de la taxation des successions est également traité, parmi de nombreux autres, dans le rapport de la commission sur les défis économiques présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole. L’imposition des successions y est présentée comme importante « pour améliorer la mobilité intergénérationnelle et contribuer à égaliser les chances ». Enfin, ces travaux ont été précédés de la publication, en 2021, d’une étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur l’impôt sur les successions dans les pays membres de l’organisation.

Toutes ces publications émettent des recommandations qui peu ou prou vont dans le même sens. 

Ainsi, elles envisagent toutes les trois une restructuration en profondeur de l’imposition des transmissions afin de taxer le bénéficiaire en fonction de ce qu’il reçoit par succession ou donation tout au long de sa vie. L’idée d’une telle réforme serait de taxer selon un barème progressif toutes les transmissions reçues par une même personne quelle que soit la façon dont du patrimoine lui est transmis (donation ou succession) et quel que soit le nombre de personnes à l’origine de la transmission (un ou plusieurs parents). La finalité d’un tel régime de taxation serait que deux personnes ayant reçu au cours de leur vie un même montant de patrimoine aient supporté le même montant d’impôts même si l’une a hérité en une fois d’un seul parent alors que l’autre a reçu ce patrimoine de manière fractionnée à l’occasion de plusieurs donations et successions de différents parents (père, mère, grands-parents…).

Une telle réforme est présentée comme d’ampleur par Olivier Blanchard et Jean Tirole. Ils relèvent qu’un système de taxation fondé sur l’acquisition de capital par l’héritier est complexe et qu’à ce jour il n’a été mis en œuvre que par un seul pays, l’Irlande. De son côté, l’OCDE pointe le fait que taxer les transmissions de patrimoine à l’échelle d’une vie « pourrait augmenter les coûts d’administration pour les autorités fiscales et les obligations fiscales des contribuables ». 

Aussi, conscients qu’une telle réforme est difficilement envisageable, l’OCDE et la commission présidée par Olivier Blanchard et Jean Tirole proposent d’améliorer les systèmes de taxation existants. 

Ainsi, l’OCDE recommande aux pays membres de l’organisation d’envisager de réduire les exonérations et les allègements fiscaux existants. Le rapport cite l’épargne retraite et l’assurance-vie. L’organisation relève également que la transmission d’actifs professionnels bénéficie de régimes préférentiels dans de nombreux pays. Elle indique que si le maintien d’avantages fiscaux pour favoriser la transmission des entreprises familiales peut se justifier, il doit s’accompagner de mesures empêchant de transférer du patrimoine privé sous couvert de patrimoine professionnel. 

L’OCDE relève également que dans un certain nombre de pays, les plus-values latentes sont effacées au moment du décès, et constate qu’en l’absence d’imposition sur les successions, ces plus-values sont totalement exonérées.

Enfin, la note du Conseil d’analyse économique s’interroge sur le bien-fondé des avantages fiscaux liés au démembrement de propriété et envisage la taxation de la réunion de l’usufruit et de la nue-propriété.

Dès lors, faut-il s’attendre à une augmentation de la fiscalité des successions et des donations ?

Tout d’abord soulignons, comme le précisent Olivier Blanchard et Jean Tirole, que ces écrits ne constituent que des éléments d’inspiration pour les décideurs politiques qui doivent être complétés par d’autres points de vue. 

Ajoutons que l’OCDE indique dans son rapport que les réformes retenues devront dépendre des circonstances propres à chaque pays. À cet égard, l’organisation relève que si les recettes générées par les impôts sur les successions et les donations représentent une très faible part du total des recettes fiscales dans les pays de l’OCDE (environ 0,5% en moyenne en 2019 dans les 24 pays où ces impôts s’appliquent), elles dépassent en France 1% du total des recettes fiscales. Seuls trois autres pays dépassent ce seuil de 1% : la Belgique, la Corée et le Japon.

L’organisation souligne également que « l’argument en faveur d’un impôt sur les successions est particulièrement solide dans les pays où l’imposition effective des revenus du capital et du patrimoine est généralement faible ». A cet égard, rappelons que la France se place à la deuxième place parmi les 37 pays membres de l’OCDE pour le ratio recettes fiscales sur Produit Intérieur Brut (PIB) et occupe également la deuxième place du classement pour le ratio impôts sur le patrimoine sur PIB. Ces ratios étaient respectivement de 45,4% et 4,0% pour la France en 2019.

La France taxe donc déjà très largement le patrimoine et les successions. Notre deuxième place dans le classement de l’OCDE devrait donc, en bonne logique, nous protéger contre une augmentation des droits de donation et de succession, voire inciter les décideurs politiques à les réduire. 

À cet égard, le Président de la République a déclaré qu’il ne faisait pas partie « de ceux qui pensent qu’il faut augmenter les droits de succession à tout va, au contraire ». Valérie Pécresse indique quant à elle dans son programme qu’elle « facilitera la transmission de patrimoine vers les jeunes pour financer leurs études ou leur projet de vie avec un don défiscalisé possible tous les 6 ans pour un montant maximum de 100 000 € pour les parents et les grands-parents et de 50 000 € pour les oncles, tantes et fratries ».

Les élections présidentielle et législative pourraient donc être suivies non pas d’un alourdissement de la fiscalité des successions mais plutôt d’un allègement de la fiscalité des donations. Cet allègement prendrait notamment la forme d’une augmentation et d’un élargissement de l’abattement sur les dons de sommes d’argent (aujourd’hui de 31 865 €) et/ou d’une réduction du délai au-delà duquel il peut être réutilisé (actuellement de 15 ans). 

Cela irait dans le sens d’une recommandation de l’OCDE, qui indique dans son rapport que « les donations aux jeunes générations pourraient bénéficier d’un traitement fiscal plus favorable afin d’encourager les transmissions de patrimoine anticipées et de réduire les inégalités intergénérationnelles découlant de la concentration du patrimoine entre les ménages les plus âgés ».