La Bourse de Paris connait sa deuxième pire chute de l’année.

(BFM Bourse) – Ébranlé par le plongeon des valeurs du luxe, le CAC 40 lâche 2,43% ce jeudi, signant sa 2e plus forte chute de l’année – sa 4e consécutive. Les craintes de voir la Fed réduire son soutien aux marchés d’ici la fin de l’année incitent les investisseurs à prendre des bénéfices.

Nourris par les banquiers centraux depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, les marchés sont perturbés à l’idée de voir le biberon s’éloigner et de devoir (ré)apprendre à marcher tout seuls comme des grands. La perspective de voir le soutien monétaire massif de la Fed se réduire dès cette année a ainsi déprimé les marchés européens, dans le sillage de Wall Street mercredi puis les marchés asiatiques cette nuit). En baisse de 2,5% à la mi-journée, le baromètre du marché parisien n’a pas effacé ses pertes matinales dans l’après-midi, bouclant la séance sur une lourde chute de 2,43% à 6.605,89 points, dans un volume de transactions qui s’est largement étoffé, 5,4 milliards d’euros ayant changé de mains au sein du CAC. Il s’agit de la 2e plus forte chute journalière de l’indice phare de la Bourse de Paris en 2021, derrière celle du 19 juillet (-2,54%), alors que la flambée des contaminations au variant Delta faisait (déjà) planer une menace sur la vive reprise de l’économie mondiale.

Même si le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed remonte à la réunion de fin juillet, ces fameuses « minutes » ont ébranlé les marchés car elles révèlent que l’idée d’une réduction du soutien monétaire dès cette année gagne du terrain au vu des progrès sur le front économique et de l’emploi. Pour Patrick O’Hare de Briefing.com, « cela n’aurait pas dû être interprété comme une révélation surprise ». La réaction négative du marché est « plus une excuse pour retirer de l’argent de la table », ajoute-t-il. La chute du jour sur le marché parisien est d’ailleurs à relativiser puisque le CAC retombe seulement à un creux en clôture depuis la séance du 28 juillet.

Depuis la réunion de fin juillet dernier, les conditions économiques semblent toutefois s’être quelque peu dégradées sous l’effet notamment du variant Delta, comme en atteste le net recul des ventes au détail en juillet aux Etats-Unis. Pour tenter de freiner ce regain de vigueur pandémique, les autorités américaines ont d’ailleurs annoncé, mercredi, une campagne de rappel pour tous les Américains à partir du 20 septembre.

Après une nouvelle ouverture dans le rouge au lendemain de replis compris de 1,1% pour le S&P et le Dow (-0,9%), les indices new-yorkais modèrent leurs pertes vers 17h30 (-0,4% pour le Dow, S&P et Nasdaq à l’équilibre), aidés par le recul plus prononcé que prévu des inscriptions au chômage aux Etats-Unis lors de la semaine terminée le 14 août (à 348.000 contre un consensus à 366.000) selon les chiffres du département du Travail.

Le luxe en chute libre après des déclarations de Xi Jinping

Comme la veille, le CAC 40 est principalement tiré vers le bas par le compartiment du luxe, les 4 valeurs du secteur atteignant une pondération combinée proche de 25% au sein de l’indice phare. Au lendemain de leur pire performance journalière depuis le début de l’année sur fond de craintes vis-à-vis de la reprise économique chinoise, les géants français du luxe accusent des pertes encore plus sévères ce jeudi alors que les riches sont dans le viseur de Pékin. Vers 12h40, Kering plonge de 9,5% (plus forte chute du SRD), LVMH lâche 6,4% et Hermès cède 4,5%. L’Oréal limite son repli à -1,3%.

Parmi les autres lourdes chutes, TotalEnergies (-3,8%) pâtit entre autres de la rechute des cours du brut sur fond d’interrogations quant à la vigueur de la reprise économique mondiale. Airbus (-3,1%), Saint-Gobain (-2,8%) et les valeurs bancaires reculent aussi nettement. Parmi les rares valeurs à échapper à la purge au sein de l’indice phare, Sanofi et Air Liquide ont respectivement grignoté 0,6% et 0,5%.

Les cours du brut tombent à un creux depuis le 20 mai

Au chapitre énergétique, les cours du brut reculent pour la sixième séance d’affilée, soit leur plus longue séquence baissière depuis février 2020, eux aussi pénalisés par les craintes sur l’évolution de la demande à l’heure où la situation sanitaire se dégrade dans plusieurs régions du monde, et après l’annonce, par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’une hausse inattendue des stocks de brut la semaine dernière aux Etats-Unis.

Le baril de Brent s’enfonce de 3,63% à 65,75 dollars à 17h35, au plus bas depuis le 21 mai dernier, tout comme celui de WTI qui lâche près de 3,97% à 62,62 dollars. Enfin, sur le marché des devises, le billet vert a bondi dans la perspective d’une prochaine réduction du soutien monétaire de la Fed et gagne encore 0,19% ce jeudi (1€ = 1,1689$), au plus haut depuis novembre dernier.

Jeudi 19/08/2021 ecrit par Mr Quentin Soubranne – ©2021 BFM Bourse